Michel Stefanini traite, dans une errance équivoque, de la disparition..., la sienne, la vôtre..."Les Limbes Ordinaires " sont une incursion dans un territoire flou, une théurgie provocatrice, pour atteindre la frontière de l'oubli de soi, entre anéantissement et métamorphose.
Mémoires, texte extrait de la nouvelle « L’Embellie » « Les Limbes Ordinaires » (Michel Stefanini)
Cela devait bien faire 5 à 6 jours, que je me trouvais là, mort, on ne peut plus mort; et je me demandais pourquoi j’étais sur cette plate-forme qui, au premier regard, ne donnait nulle part. Une vague lumière tombait de je ne sais où, ou plutôt elle montait, ou bien, elle arrivait de coté ? Va t’en savoir, avec la mort plus rien n’est sûr, si ce n’est la certitude de l’être…bien que, je pouvais en douter malgré tout. Normalement, je ne devrais pas me rendre compte de mon état, mais là, d’évidence, il n’y avait aucune place au doute.
Je suis nu.Comme au début… Je prenais la décision de marcher tout droit, vers ce qui me paraissait être un vague changement de couleur.
Je ne sais toujours pas ou je suis. Je suis nu. Je n’ai pas froid…
Cela devait bien faire trois jours que je marchais sans cesse, sans me fatiguer (c’est normal, je suis mort), quand j’aperçus sur cette morne plaine plate, une légère hésitation, comme un tremblement, une intuition visuelle, une bosse virtuelle.
Je me demande vraiment où je suis, je suis nu.
Je cache mon sexe par réflexe. Sait-on jamais…